Le parrain

Dur dur, quand on se nomme Electronic Arts de rester spectateur face à un phénomène tel que GTA qui sait faire exploser les ventes et rapporter un maximum de bénéfices. Il fallait donc tenter le coup et EA l’a fait, mais pas n’importe comment. Pour son premier jeu du genre, le géant américain s’est offert le luxe d’adapter l’œuvre, désormais culte, de Francis Ford Coppola : Le Parrain. Revivez ainsi les plus grands moments du film, intégrez la famille Corleone et forgez votre réputation à travers les quartiers de New-York.Les affaires sont les affaires1936, New York, Little Italy, un jour comme les autres pour Johnny, membre intègre de la famille Corleone qui dirige toute la zone. Après avoir traité quelques affaires, notre malfrat retrouve sa compagne Sarafina qui sort d’un magasin en laissant leur fils jouer au ballon dehors. La boutique explose soudainement, Sarafina inquiète pour son fils se précipite vers le magasin avec son compagnon. Mais deux hommes interceptent Johnny et l’emmènent dans une ruelle pour lui régler son compte, heureusement notre mafieux n’est pas n’importe qui et sortira victorieux de ce combat, pas pour longtemps… Le chef du gang adverse arrive avec deux de ses sbires armés jusqu’aux dents qui n’hésiteront pas à fusiller Johnny sur place laissant ainsi son corps dans une marre de sang à la vue de tous y compris son fils, choqué par cette scène. C’est ainsi que le jeune garçon rencontre Don Vito Corleone, le « parrain » de Little Italy qui promet d’offrir au gamin l’occasion de se venger plus tard.

Neuf ans après l’incident, vous incarnez le fils de Johnny devenu adulte mais toujours fourré dans de mauvais coups. Votre mère, Sarafina, va demander alors au « parrain » de vous aider et va envoyer celui qui vous apprendra les bases pour devenir un bon membre de la famille : Luca Brasi.
Avant de vous lancer dans l’aventure, le jeu vous propose de personnaliser votre personnage de A à Z. Définissez ainsi la forme de son visage, ses joues, son nez, sa bouche, son menton, la couleur et l’épaisseur de ses cheveux, la couleur de ses yeux et sa corpulence, toutes les extravagances vous seront ainsi possibles. Passez également chez le tailleur pour vous vêtir comme un véritable gangster, mais pour cela il faudra acheter des vêtements afin d’agrandir votre garde-robe. Enfin si votre avatar vous semble trop barbu ou mal coiffé, le barbier sera là pour répondre à vos attentes et vous redonner le look de vos rêves.


Une fois créé, votre héros apprendra les rudiments de la baston avec Luca et pas mal de possibilités s’offrent à vous. Le jeu reprend ici un système de verrouillage de l’ennemi on ne peut plus classique, sauf qu’ici le stick analogique droit vous permet de frapper l’adversaire : atypique, mais la prise en main est rapide. Empoignez également ce dernier avec la touche adéquate pour lui filer quelques coups de poings et de têtes ou le balancer contre un mur, et ensuite l’exécuter. Une fois les bases du combat acquises, votre nouveau mentor vous expliquera comment se forger une réputation.Devenez le futur Don Les premières missions du jeu, servant d’entraînement, vous plongent tout de suite dans l’action en vous expliquant les autres phases de gameplay. Pour survivre dans cette jungle qu’est Little Italy, il va falloir imposer le respect et être un digne représentant de la famille Corleone. Les commerçants jouent un rôle important car ils sont source de revenus réguliers, forcez-les donc à payer un tribut hebdomadaire en échange de votre protection. Bien entendu la plupart des marchands ne se laissent pas marcher sur les pieds et la manière forte sera alors l’ultime recours. Une jauge de pression est représentée à l’écran et lorsqu’elle atteint le niveau demandé, le marchand se plie à vos quatre volontés. Deux choix s’offrent à vous pour faire monter cette pression : détruire le magasin puis négocier ou bien violenter le patron du commerce. Plus votre nombre de magasins augmente, plus votre salaire sera élevé. Évidemment vous ne pouvez pas faire cela comme bon vous chante puisque la police veille au grain. Si vous voulez que vos business illégaux marchent bien il va falloir jouer la carte de la corruption et graisser la patte des flics les plus gradés du quartier, car se sont eux les plus véreux, pour qu’ils vous laissent en paix. Ces diverses actions peuvent être effectuées pendant le jeu entre deux missions principales.

Les objectifs indispensables relatent divers événements qui se déroulent dans le film et la plupart du temps vous ne serez qu’un simple intervenant, rien de plus. Là où le film nous plonge directement au cœur de la famille Corleone, le jeu, lui, apporte une certaine complémentarité dans le sens où votre personnage est un élément extérieur au cercle familial, et les points de vue peuvent alors différer. À la fin de chaque mission, vous gagnez une somme d’argent pour acheter plusieurs armes et de nouveaux costumes et vous montez d’un ou plusieurs niveaux ce qui vous apportera des points de compétences. Ces derniers vous permettront d’améliorer vos capacités au combat, au tir, votre état général, votre vitesse et votre connaissance des lois de la rue.

Dès que vous aurez suffisamment fait vos preuves, vous pourrez intégrer le cercle familial et monter dans la hiérarchie. Plusieurs contrats vous seront confiés par d’autres membres du clan. Ces missions optionnelles sont variées et de nombreuses activités comme le braquage de banque, le pillage d’un entrepôt, l’extorsion de fond ou les règlements de compte vous attendent. Respectant le contexte du film, les Corleone ne sont pas seuls et quatre autres familles (Tattaglia, Stracci, Cuneo et Barzini) dirigent chacune un des cinq grands quartiers de NY : Little Italy, Midtown, Brooklyn, Hell’s Kitchen et New Jersey.

Pour réussir avec brio toutes vos missions, il faudra vous familiariser rapidement avec les armes à feu. Le système de tir se rapproche de celui de GTA avec un système de lock, vous pouvez ici passer en ciblage libre ce qui vous permet de viser une partie du corps bien précise. Comme dans Metal Gear Solid vous pouvez aussi vous coller au mur pour vous abriter et ensuite tirer sur l’ennemi. Un brassage des genres astucieux mais qui aurait mérité un peu plus de travail au niveau de la souplesse de la jouabilité et de l’IA ennemie. Plusieurs armes vous attendent comme cette bonne vieille batte de baseball, le pistolet classique, le fusil de chasse, la mitraillette etc. Bien entendu ces objets de massacre ne se trouvent pas au coin de la rue dans un coffre secret, et vous devez comme tout le monde mettre le prix pour les avoir. De nombreux marchands illégaux rôdent dans les ruelles et vendent les meilleures armes que vous pouvez trouver sur l’ensemble de New-York mais il faudra auparavant savoir les trouver. Tout comme le système de combat à mains nues, votre personnage aura la possibilité d’exécuter sa victime un peu comme les « Finish him » de Mortal Kombat en beaucoup moins gore. Évitez toutefois de vous acharner sur les membres des familles rivales car une barre de vendetta se remplira au fur et à mesure des affronts que vous lancerez à ces derniers

Des véhicules sont également à votre disposition pour accéder aux autres quartiers de New York. Là aussi les amoureux de la série de Rockstar trouveront facilement leurs repères avec une prise en main simple et efficace. Malheureusement, époque oblige, la gamme des voitures est donc limitée et aucune radio ne peut être écoutée sur la route.Le nouveau « parrain » du genre ?Connaissant Electonic Arts on aurait pu penser que Le Parrain atteindrait facilement le même niveau que Grand Theft Auto mais il n’en est rien malheureusement. Beaucoup de défauts techniques et de jouabilité viennent en effet plomber la qualité du jeu.

Bien que respectable, la réalisation reste largement en dessous de ce que l’on pouvait attendre d’un développeur tel qu’EA. New York est bien retranscrite, mais est victime d’un clipping persistant avec des immeubles qui s’affichent au dernier moment ou encore des voitures qui apparaissent d’on ne sait où pour entrer inévitablement en collision avec la vôtre. L’animation des personnages fait preuve d’énormément de rigidité et un peu plus de travail sur cet aspect aurait été le bienvenu. La part belle revient aux effets spéciaux dans l’ensemble réussis et à la modélisation des visages très réalistes, dommage que l’animation ne suive pas.

L’intelligence artificielle de vos ennemis est également défectueuse sur de nombreux points. Par exemple lorsque vous vous retrouvez à trois contre un, au moment d’empoigner un adversaire pour le cogner, les autres s’arrêtent et regardent la scène passivement jusqu’à ce que vous lâchiez votre victime. Pendant les phases de gun-fight cette dernière se défend plutôt bien sans pour autant atteindre les références du genre.

Il est également navrant de constater qu’il faille quitter le jeu et relancer sa partie pour pouvoir aller chez le tailleur et changer de vêtements et d’apparence physique. Enfin, signalons que la carte de la ville est trop petite et assez peu lisible à l’écran.

Mais tout ne fait pas défaut au jeu loin de là puisque la bande-son de ce dernier est très réussie et nous plonge dans l’ambiance du film avec des bruitages et musiques qui retranscrivent bien l’époque à laquelle se déroule le jeu. Le doublage est également de très bonne facture et le langage des personnages est digne de leur trempe avec beaucoup de gros mots pendant les scènes du film mais aussi dans vos combats.

De nombreux bonus à débloquer vous attendent comme une galerie de plusieurs séquences de jeu à revoir. Ces dernières sont représentées par des bobines disséminées à travers la ville et sont au nombre de cent. À vous de trouver également les meilleures armes du marché, vendues par les marchands au noir, d’acheter un maximum de commerces légaux et illégaux pour monter votre propre affaire, toujours au profit de la famille bien sûr. Vous l’aurez compris : en plus des missions principales, des nombreuses quêtes optionnelles vous attendent et ont en plus le mérite d’être variées. Il serait dommage de passer à côté.



Graphismes
6 / 10


Jouabilité
6 / 10


Son
7 / 10


Durée de vie
7 / 10


Verdict
6 / 10


Malgré une habile utilisation de la trame scénaristique du film de Francis Ford Copolla, Electronic Arts ne parvient pas à faire de son Parrain la nouvelle référence du genre. Le géant américain recycle de nombreux genres à travers son jeu sans pour autant apporter une quelconque nouveauté. La réalisation reste en dessous de celle de GTA San Andreas, la jouabilité est classique et la durée de vie s’inscrit dans la lignée de sa source d’inspiration. Seule la bande-son réussie vient relever le niveau du jeu. Le Parrain est donc un bon petit jeu sans prétention. Dommage car on en attendait beaucoup plus.